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Edition: La Volte, ebook (2012)
Origine de l'auteur: Française
Genre: Aventure, Science-fiction
" Je suis le capitaine Henri Villon, et je mourrai bientôt. Non, ne ricanez pas en lisant cette sentencieuse présentation. N'est-ce pas l'ultime privilège d'un condamné d'annoncé son trépas comme il l'entend ? C'est mon droit. Et si vous ne me l'accordez pas, alors disons que je le prends".
Ainsi débute le récit du capitaine Villon. Il lutte avec son équipage de pirates pour préserver sa liberté dans un monde déchiré par d'innombrables perturbations temporelles. son arme: Le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps.
Très belle surprise que ce
Déchronologue, j’ai vraiment apprécié.
Avec ce roman l’auteur nous
plonge au cœur des Caraïbes du XVIIè siècle.
On y suit les (més)aventures du
Capitaine Français Henri Villon et de son équipage qui voguent sur ces mers où
règne un climat de conflits et d’affrontements.
J’ai vraiment adoré tout le
contexte historique dans lequel se déroule l’action. On se retrouve entre les
années 1640 et 1655, période où la grande piraterie est très présente dans les
Caraïbes. Tout le contexte économique et politique y est bien retranscrit avec
les flibustiers qui naviguent sur les flots pour s’en prendre à la flotte
Espagnole, et pour se disputer entre eux (Français, Anglais,
Hollandais…) les territoires et ports des environs, notamment de Tortuga (île
de la Tortue). L’ambiance est vraiment
bien décrite par l’auteur, on s’y croit vraiment sur la frégate du Capitaine
Villon.
L’histoire est racontée de
manière très originale car elle est écrite à la première personne du singulier.
On se retrouve en fait avec le carnet du Capitaine Villon dont les pages ont
été mélangées. Heureusement que les dates sont inscrites à chaque début de
chapitre. C’est un parti pris audacieux qui peut en déconcerter plus d’un (moi
la première) mais qui s’accorde bien avec le titre du livre et les événements qui s’y déroulent. Le monde qu’on va parcourir au fil des pages est en proie à
des failles temporelles qui sont totalement déstabilisantes pour les
personnages, et bien on comprend mieux leur désarroi étant donné que nous
sommes nous aussi pris au piège d’un espace-temps capricieux avec ces pages
tout en désordre.
C’est donc au fur et à mesure de la lecture qu’on remet les pièces
du puzzle dans le bon ordre pour avoir une histoire cohérente. C’est un choix
que je trouve assez discutable. Au début cela ne m’a pas trop dérangé, mais au
fil des chapitres cela a quand même failli me perdre. Arrivée dans les 100 dernières pages je me suis finalement rendue compte que j’ai bien réussi à suivre le fil du récit et
j’ai trouvé ça assez palpitant. C’est une idée très ingénieuse et en parfaite
corrélation avec le récit. Quand on se lance dans la lecture de ce roman il
vaut mieux donc prévoir assez de temps histoire de ne pas le lire en plusieurs
semaines aux risques de ne plus se rappeler quels événements sont reliées à
quelles dates !
"- Étarquez les voiles ! Tendez-moi tout ça jusqu'à rompre !
Hurlements en échos à mon ordre. Les hommes d'équipages savaient que leur carcasse était en sursis. Le barreur m'agrippa le bras en tremblant:
- Capitaine, la tempête vient sur nous. Je lui tapai sur l'épaule, les nerfs à vif: - Alors droit sur elle, mon gars! "
Le problème avec ce découpage
mélangé par contre est qu’il m’a été assez difficile de m’attacher aux
personnages secondaires. J’ai cependant adoré le personnage de Villon. C’est un
peu un anti-héros. Il est bourru, alcoolique, c’est un flibustier donc il ne
fait pas dans la dentelle quand on lui cherche des noises mais il est en même
temps très humain. Il a un grand sens de l’honneur et sait rester fidèle à ses
amis. Et puis il se retrouve dans des situations tellement extrêmes qu’on ne
peut que compatir et s’attacher à lui.
Stéphane Beauverger à une plume
vraiment superbe, il sait utiliser les bons mots et on remarque d'emblée qu’il a du
faire pas mal de recherches pour nous décrire aussi bien la piraterie et les
voyages en mer. J’ai particulièrement aimé les dialogues qu’il arrive à rendre
la fois vivants et dynamiques avec des expressions que je n’oublierai pas de sitôt.
C’est souvent cru, parfois rude à lire selon les passages/chapitres (la survie
au sein des geôles est très précaire, quelle vie dangereuses menaient ces flibustiers !),
mais avec ce thème de pirate rien de plus normal, on n’est pas au pays des Bisounours.
" - Capitaine, dit la voix de la Crevette en se rapprochant de moi, je vais mourir, capitaine ... Christ mort ! Mon mousse puait tant que son odeur était insupportable, même au cœur de cette soue infecte. Je détournai la tête pour ne pas sentir les relents de sa chair malade:
- Non, petit, tu ne vas pas mourir. Pas encore. "
La manière dont il introduit cette
once de science-fiction dans son récit est aussi très intéressante. Cela amène
davantage de mystère, j’étais très intriguée et avide d’en apprendre davantage
sur ces fameuses burbujas qui rodent au-dessus des flots ainsi que ces
mystiques maravillas.
Je regrette cependant qu’il n’ait
pas été plus loin dans ses explications, finalement on n’en sait pas vraiment
beaucoup sur ces Targui, burbujas et maravillas, je suis restée un peu sur ma
faim à ce niveau-là… D’un côté c’est dommage, et d’un autre côté cela crée un
effet mystique assez appréciable au final.
Pour conclure, c’est une lecture
pas forcément évidente, mais que je recommande chaudement aux amoureux
d’aventures, de contrées sauvages et exotiques, de science-fiction et
d’originalité narrative.
NOTA BENE: Il aura fallu deux années à Stéphane Beauverger pour peaufiner son Déchronologue qui sera récompensé par plusieurs prix (bien mérité): le prix européen Utopiales des pays de la Loire 2009, le grand prix de l'imaginaire 2010, le prix Bob-Morane 2010, le prix Imaginale des Lycéens 2012.
Ce que j'ai préféré:
° Le charisme du personnage principal
° Le contexte historique superbement décrit
° La plume de l'auteur
° La science-fiction présente et savamment dosée
° La fin grandiose
° L'originalité narrative
Ce que j'ai moins aimé:
° Pas mal de questions qui restent en suspend
° La difficulté à suivre le fil des événements
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