SUMERKI de Dmitry Glukhovsky


17/20


Edition: L'Atalante (version Ebook)
Origine de l'auteur: Russe
Traduction: Denis E. Savine
Titre original: Sumerki
Première parution: 2007 pour la VO, 2014 pour la VF
Genre: Fantastique, ésotérique
Nombre de pages: 391










Quand Dmitry Alexeïevitch, traducteur désargenté, insiste auprès de son agence pour obtenir un nouveau contrat, il ne se doute pas que sa vie en sera bouleversée. Le traducteur en charge du premier chapitre ne donnant plus de nouvelles, c'est un étrange texte qui lui échoit: le récit d'une expédition dans les forêts innexplorées du Yucatàn au XVIè siècle, armée par le prètre franciscain Diego de Landa. Et les chapitres lui son remis au compte-gouttes par un mystérieux commanditaire. Aussi quand l'employé de l'agence est sauvagement assassiné et que les périls relatés dans le document s'immiscent dans son quotidien, Dmitry Alexeïevitch prend peur. Dans les ombres du passé, les dieux et les démons mayas se sont-ils acharnés à protéger un savoir interdit? A moins, bien entendu, que le manuscrit espagnol ne lui ait fait perdre la raison. Alors que le monde autour de lui est ravagé par des ouragans, des séismes et des tsunamis, le temps est compté pour découvrir la vérité.





Ce livre, qui est le deuxième écrit par Dmitry Glukhovsky après Metro 2033, en est vraiment fort différent. Vous risquez donc d'être un peu décontenancé au début de la lecture, tout comme je l'ai été. Pourtant, j'ai très vite été happée par cette étrange histoire que je n'ai pas su lâcher. Elle m'a littéralement rendue addict, sans que je sache vraiment pourquoi. 

On ne peut pas dire que ce soit un livre facile à lire, le style d'écriture n'est pas évident, surtout les passages du manuscrit espagnol. Mais une fois habituée, le récit m'a beaucoup intéressé. Le travail de traduction du russe en français est en tout cas très bien réalisé, j'ai vraiment aimé, comme dans Metro 2033, la plume de l'auteur, c'est vraiment un des gros point fort de cet auteur. J'aime beaucoup les métaphores et comparaisons qu'ils utilisent pour décrire certaines situations.


" Pris dans l'érection progressive de la tour vacillante de la compréhension, je n'étais pas prêt à m'arracher au travail de l'humble maçon qui empilait l'une après l'autre les briques du savoir interdit, pour prendre du recul et, enveloppant l'ensemble d'un regard d'architecte, y voir les contours du futur bâtiment. "



Dmitry Glukhovsky choisi ici de propulser les mythes et la culture maya sur le devant de la scène pour développer une histoire des plus fantastique, angoissante, oppressante même, étrange certainement, avec une grosse touche de mystique et d'ésotérisme. J'ai particulièrement apprécié cette plongé au cœur du Yucatán entouré par ses divinités, ses croyances et ses magnifiques temples au temps de la conquête espagnole. Comme souvent, quand un auteur se base sur des faits historiques, ça m'intéresse directement, ça me pousse souvent à aller faire des recherches sur la période en question pour en apprendre davantage.



" La foi est une béquille à laquelle s'accrochent ceux qui ne savent pas de quoi demain sera fait. "


Dans Sumerki, j'ai retrouvé deux aspect similaires à son précédent livre (voire trois), que j'ai bien appréciés retrouver: il y développe notamment nos peurs face au noir, au néant et à la solitude, ainsi que le rôle que notre imagination peut avoir sur ces peurs. De là se pose aussi la question de ce qui est réel face à ce qui ne l'est pas, un simple bruit qu'on entend, un souffle rauque dans la pièce voisine vient-elle de notre imagination ? Ou y a-t-il vraiment quelqu'un (ou quelque chose) qui s'est immiscé chez vous? Nos yeux nous jouent-il des tours? Ou voyons nous vraiment un être difforme, une ombre étrange réelle devant nous ? Difficile dans ces conditions pour notre héro de ne pas tomber dans la folie, surtout quand des aspect du manuscrit qu'il traduit, s'immiscent dans son quotidien. Quand en plus on plonge régulièrement dans l'onirisme du héro, tout devient flou et étrange (rêves et sommeils qui apparaissaient souvent également dans Metro). Personnage principal d'ailleurs que je n'ai pas particulièrement apprécié, ce qui ne m'a pas empêché d'adorer son histoire.



" Que nous pénétrâmes en des lieux sinistres, où le terrain était instable et traitre et l'air vicié et stagnant. Et que notre progression était très lente désormais et nos guides choisissaient longuement la route avant de nous l'indiquer. Et que j'avais adjoint à chacun un arbalétrier, craignant la trahison et la fuite de l'un ou de l'autre, voire des deux en même temps. " 


Le livre souffre de quelques lenteurs, et descriptions qui peuvent en décourager plus d'un, on frôle par moment le tournage en rond. Personnellement cela ne m'a pas dérangé, je n'ai pas eu le temps de m’ennuyer. 

C'est donc un livre que j'ai vraiment aimé, bien qu'il soit étrange et très différent de son premier, servit avec des moment fantastiques étranges et forts (bien qu'il n'y en ai pas assez et qu'ils n'arrivent pas assez tôt), mais surtout une fin des plus originale dérivant énormément vers le mystique et l'ésotérisme. Cette fin justement m'a laissé très perplexe au début, quand j'ai refermé le livre. Au final je l'ai trouvé tellement audacieuse et loufoque, c'est cette originalité que j'ai tant aimé. Sous certains aspects le récit m'a fait penser à Matrix, quand il jongle entre réalité et illusion.

Un auteur que je tiens à l’œil et dont j'ai hâte de découvrir les autres ouvrages, Futu.Re et Metro 2034 attendent leur tour, leur lecture ne devrait pas tarder.



Ce que j'ai préféré:
° L'écriture de Glukhovsky
° La manière subtile d'amenée l'angoisse et le questionnement sur la réalité, le mélange entre présent et passé.
° La fin loufoque, mais originale et inattendue
° La découverte des chapitres du manuscrit narrant l'expédition au cœur de la civilisation maya



Ce que j'ai moins aimé:
° Le personnage principal
° Quelques lenteurs par moment

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